Goulven Bazire : Il a créé Solution ERA France

You are currently viewing Goulven Bazire : Il a créé Solution ERA France
Goulven Bazire de Solution ERA France

Goulven Bazire a créé la société Solution ERA France. Cet éco-entrepreneur propose du coaching, des formations en ligne et en présentiel pour aider les particuliers et professionnels à concevoir des habitats sains écologiques et autonomes.

Avec sa bienveillance, il nous partage dans cette interview son parcours inspirant et sa vision des enjeux environnementaux actuels et à venir.

Quel est ton pourquoi : pourquoi fais-tu ce que tu fais aujourd’hui ?

Bonne question car c’est la raison pour laquelle je me lève chaque matin avec une grande énergie et en me disant : « qu’est-ce que je peux faire aujourd’hui pour honorer la vie autour de moi ? ». J’ai le désir de transmette l’importance de la nature et de l’écologie. J’aime me connecter avec l’humain qu’il y a à l’intérieur de chaque personne, m’intéresser à sa vie et faire en sorte qu’il puisse s’impliquer pour mieux se connecter avec la nature, avec sa propre nature et qu’il puisse s’engager pour être en accord avec ses valeurs. Ainsi, mon pourquoi se met à fleurir en moi, cela me rend heureux et me donne encore plus envie de continuer.

Ce pourquoi est venu chez moi d’un enjeu majeur : j’ai passé beaucoup de temps à me renseigner sur le changement climatique, la perte de biodiversité, la crise énergétique, les crises politiques et les crises de confiance dans différents domaines. Après avoir rassemblé tout ça dans mon esprit, il fallait que je me mette en action. C’est pourquoi ça fait plus de 11 ans que je suis un professionnel du conseil en habitat et en énergies renouvelables.

C’est donc un pourquoi humain et écologique. Pour toi les deux sont liés ?

Je me suis rendu compte que c’est parce que l’humain ne se sent pas bien en lui-même qu’il a tendance à dégrader son environnement. De plus, on a souvent tendance à attendre que la solution vienne des autres. On attend en vain que des politiciens s’engagent ou que les industriels se responsabilisent. On est souvent soi-même en dissonance car on se rend bien compte au fond de nous qu’on est à la botte de ces personnes. On sous-estime le pouvoir que l’on a quand on achète des produits. Que ce soit dans la vie de tous les jours ou quand on conçoit un projet, nos achats sont des votes. Il faut donc se poser la question : « comment peut-on honorer la vie dans nos choix pour avoir un impact positif maintenant et dans le futur ».

Quel métier voulais-tu faire enfant. Étais-tu déjà sensibilisé sur ce sujet ?

Depuis mon enfance, un de mes personnages préféré est le Marsupilami créé par Franquin. Ce petit singe jaune à taches noires vit en Amazonie et préserve son environnement. A chaque épisode, j’ai été marqué car il y avait toujours des humains qui débarquaient pour le chasser le Marsupilami, raser la forêt ou polluer les rivières en cherchant de l’or. Baigné dans cette culture, ma logique d’enfant était d’être le meilleur ami de ce petit animal pour l’aider à préserver sa forêt.

Quel a été ton parcours avant de concrétiser cette sensibilité dans un métier ?

Écoutes, je suis assez fier d’avoir raté mes études. Au début ce n’est pas agréable car on a l’impression de ne pas être à la hauteur mais je me suis rendu compte que les échecs que j’ai rencontrés dans ma vie ont été des magnifiques leçons qui ont façonné la personne que je suis aujourd’hui. Cela a permis de renforcer ma détermination à devenir ce dont j’avais envie et non de faire le métier que l’école aurait voulu que je fasse. Dès le collège j’avais envie de travailler dans l’environnement et j’ai fait mon premier stage en bureau d’étude, en contact avec la nature en faisant des relevés topographiques. Je voulais connaitre le terrain avant de construire des maisons. Je suis parti ensuite en maintenance des systèmes mécaniques automatisés. Grâce à cette expérience, j’ai appris à comprendre un système, à le démonter et à le remonter. C’était magique car du coup j’ai appris à déconstruire des idées et à les reconstruire. Maintenant quand on me présente un problème, je le déconstruis et je le reconstruis en y ajoutant les relations qui manquent avec son écosystème pour assurer sa résilience. Je me suis tourné ensuite vers le dessin industriel pour transformer mes idées en 3D et les rendre factuelles. J’ai eu beaucoup d’expériences professionnelles en électricité et maintenance et participé à de nombreux chantiers de maisons.

Un jour quand j’ai vraiment pris conscience de l’importance de l’environnement, je me suis rendu compte qu’il fallait que je réussisse à me dégager du temps quotidiennement pour travailler sur mon projet qui était de comprendre l’environnement. Je suis donc devenu facteur et pendant deux ans, tous les matins je travaillais et tous les après-midis, je lisais des livres, je rencontrais des gens sur la thématique de l’environnement, j’allais à des conférences ou encore j’essayais de décortiquer l’actualité environnementale. Ce sont les deux années de ma vie où j’ai le plus pleuré car j’ai commencé à prendre conscience de la perte de la vie et ça rentrai dans chacune de mes cellules. Dans cette première phase de deuil, j’ai commencé à être irrité et avoir un comportement dur envers ceux autour de moi qui ne voyaient pas la nature s’effondrer. A force de mieux comprendre l’écologie et de rencontrer de plus en plus de personnes inspirantes, une deuxième phase de compassion à suivie. C’est pour ça qu’aujourd’hui je travaille dans une entreprise qui s’appelle « Solution ERA » car maintenant, j’ai envie de me concentrer sur les solutions.

As-tu eu un évènement marquant qui t’a aidé dans ton cheminement ?

J’ai rencontré un jour le président de l’association APTE dans le sud de la France. Voyant mon énergie et ma motivation, il m’a conseillé de me former auprès de l’ASDER. Cette association savoyarde est un acteur majeur du développement des énergies renouvelables, des bâtiments durables et de la revalorisation des déchets. Je suis donc allé à Chambéry en 2007 avec une lettre de motivation de cinq pages en expliquant toutes les recherches que j’avais faites par le passé. L’ASDER m’a fait confiance, ils m’ont offert la seule place gratuite qui était disponible pour leur formation. En effet, en vue de mon implication, ils voulaient travailler avec moi. En parallèle, je me suis démené pour récupérer une subvention auprès de ma région pour financer une partie de ma formation.

A l’issue de cette formation, je suis devenu conseillé Info Énergie dans le sud de la France. Mon organisme était géré par l’ADEME et la région PACA. J’ai choisi le secteur de Fréjus car c’était un endroit où peu de monde s’intéressait à l’écologie. Comme il y avait tout à faire, j’ai pu décider de ce qui était le plus juste et important. Pendant cette expérience, j’ai pu guider plus de 4000 personnes sur l’habitat, l’énergie, les transports et les aides financières. J’étais en contact avec des particuliers, des artisans, des entrepreneurs, des industries et des médias. J’ai particulièrement aimé travailler avec les mairies pour les aider à accueillir la transition. En effet, le personnel de l’urbanisme avait tendance à rejeter les projets non conventionnels avec panneaux solaires et serres adjacentes par exemple. Il fallait les rassurer en leur expliquant le pourquoi des choix techniques et en leur montrant les textes de lois les accompagnant.

Peux-tu nous parler un peu plus de ta formation à l’ASDER pour ceux qui voudraient suivre ta voie ?

C’est un cycle d’1 an avec 5 mois de stage. A la sortie, l’emploi est quasiment garanti. Cette formation diplômante m’a permis d’obtenir un BAC+4 en bâtiment durable, énergie renouvelable et revalorisation des déchets. Cet organisme est très qualitatif. Nous sommes dans un monde qui évolue très vite. Ici les professeurs sont des professionnels actifs de leur secteur et qui enseignent les techniques actuelles.  Aujourd’hui j’ai créé un partenariat avec l’ASDER au sein de Solution ERA France. Ils m’ont fait confiance il y a 11 ans et c’est toujours le cas aujourd’hui.

Peux-tu nous parler de Solution ERA France, où en es-tu dans son développement ?

A l’origine Solution ERA a été fondé au Québec par Francis Gendron et Frédéric Wiper. Je suis arrivé dans les débuts en 2015 quand l’équipe n’était composée que de 5 personnes. Aujourd’hui, même si je suis en France, je travaille toujours avec eux et je développe Solution ERA France en mutualisant les outils et ressources. Pour l’instant j’ai deux salariés : Une coordinatrice en classe et une coordinatrice en ligne qui m’aident à développer l’activité.

En parallèle, je suis en train de me rapprocher du réseau Twiza qui accompagne les porteurs de projets en construction et rénovation à travers des chantiers participatifs. Cela va permettre de faire une relation directe entre la formation théorique qu’offre Solution ERA et la mise en pratique proposée par Twiza. L’étudiant pourra maintenant toucher la matière, ce qui assurera un tout cohérent.

J’aimerai faire évoluer la formation française dans le concept de classe inversée dans les prochaines années. L’idée est d’apprendre la théorie à la maison et de se retrouver ensemble pour faire les exercices. Le professeur n’est alors plus en position d’autorité mais devient un leader de projet qui reste en support pour faire avancer sa classe. Chaque élève pouvant apporter sa pierre à l’édifice en actualisant les connaissances du groupe à travers ses recherches.  C’est du bio mimétisme. Dans la nature, tout est connecté. Ici quand l’humain se met en réseau, les transformations arrivent rapidement et de façon efficace. La somme du tout devient supérieur à la somme de chaque personne du groupe.

ensemble

Quel est pour toi le principal challenge dans le développement Solution ERA France ?

En passant de salarié à chef d’entreprise, je suis passé du rôle d’exécutant au rôle de décideur. C’est assez compliqué de passer de l’un à l’autre. L’enjeu pour moi est de devenir un bon leader, pas une personne autoritaire qui dit à l’autre quoi faire mais quelqu’un qui partage une vision. Pour moi c’est se mettre à ramer avec mon équipe tout en donnant la direction et si on se trompe, c’est moi qui en assume la responsabilité. Évidemment, quand tu passes de salarié à entrepreneur, pour toujours continuer à avancer tu rames plus que les autres, notamment pendant les soirées, les weekends et les jours fériés.

En même temps, j’essaye régulièrement de me connecter à mon ressenti pour vérifier si je suis toujours aligné avec ce que je veux, si je suis entouré des bonnes personnes, si j’honore les personnes qui sont autour de moi et si je m’honore moi-même en faisant quelque chose qui a du sens pour moi. Si ces points-là sont toujours d’actualité chaque jour, c’est que je suis sur le bon chemin.

L’administratif est un autre challenge car en France tout est plus compliqué : il faut montrer patte blanche avant de commencer son activité alors que dans le modèle anglo-saxon on se lance et on fait les papiers quand on commence à dégager des revenus. Ici il faut s’entourer d’un bon expert-comptable, d’un bon assureur et d’un avocat. Malgré toutes ces difficultés, il ne faut pas se limiter et y aller car une fois entouré des bonnes personnes on peut concrétiser son projet.

Quel est ta vision de l’avenir de l’homme ? Quels sont les enjeux de demain ?

Notre génération devra relever les défis de demain. Les dernières générations avec la révolution industrielle ont énormément bousculé le climat et les ressources naturelles. Maintenant on doit faire avec ce qu’on a. Nous avons aujourd’hui les moyens, la connaissance et les compétences pour affronter ces changements. Il nous faut maintenant avoir l’état d’esprit pour pouvoir être en capacité de se dire : « je me sens responsable, j’ai mon rôle à jouer à mon échelle pour accueillir ce qui va arriver. Je dois me rendre solidaire des autres personnes autour de moi pour répondre aux enjeux de demain ».

Pour moi, promouvoir l’importance d’avoir un habitat sain écologique et autonome permet d’apporter la paix dans le monde. Il faut faire avec ce qu’on a localement pour ne pas puiser dans les ressources lointaines. Ce sont plutôt les compétences et les rapports humains qu’il faudra chercher à l’extérieur et mutualiser. Il faut se rappeler que l’être humain fait intégralement parti de la nature. Et tous les êtres humains forment un tout comme les cellules d’un organisme. Pour être en harmonie soi-même il faut donc être en harmonie avec les autres.

Retrouvez Goulven Bazire sur Solution ERA France ou sur sa page facebook.

Partager l'article
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Cet article a 3 commentaires

  1. Cédric Giral

    Bonjour Mr Etougué,

    Merci pour cette interview très intéressante. Pourriez-vous ajouter le lien vers le site de l’APTE au moment où nous sommes cités s’il vous plaît ? Ce serait super 🙂

    Merci beaucoup !

    https://www.apte-asso.org/home

    Cédric, administrateur APTE

    1. Yannick Etougué

      Bonjour Cédric,
      Merci pour votre retour.
      Avec plaisir, je viens d’ajouter le lien.
      Bravo pour votre superbe asso et la richesse du contenu que vous proposez !
      A bientôt,
      Yannick

      1. Cédric Giral

        Super merci ! Juste pour rendre à César ce qui est à César : tout le contenu a été réalisé par Sébastien Dutherage. Je publie personnellement du contenu sur https://reussir-votre-ecoconstruction.com/

        Votre défi vidéo va-t-il reprendre ? C’est super !

        Que diriez vous d’une collaboration vidéo ? J’ai pas d’idée précise encore, mais à discuter. Allez jeter un oeil à mon site si ça vous dit et on se tiens au courant 🙂

        J’ai prévu également de chroniquer les bibles de Terre Vivante 🙂 mais j’ai pas les compétences infographiques que vous avez !

Laisser un commentaire