Ça fait plusieurs mois que vous vous renseignez sur la manière de réaliser votre maison dans le respect du vivant. Bien sûr vous voulez qu’elle soit performante, mais sans ajouter de systèmes complexes. Vous avez compris que l’inertie était un paramètre très intéressant à maîtriser.
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Que ce soit dès la conception en neuf ou pour améliorer votre logement actuel, on va maintenant voir concrètement comment ajouter de l’inertie thermique.
Les Matériaux
Pour un apport maximal d’inertie, il faut choisir des matériaux à densité élevée.
Les Conventionnels
- Le Granit est un des matériaux qui a le plus de capacité à emmagasiner la chaleur. Cependant il est très cher et compliqué à mettre en œuvre.
- Le béton a une grande densité mais c’est un matériau très énergivore et très polluant dans sa fabrication. On l’utilisera de préférence uniquement là où il est indispensable, dans certaines fondations ou murs enterrés par exemple.
- Les briques de terre cuite pleines constituent une bonne solution pour les cloisons internes à forte inertie. Cependant la cuisson durant sa fabrication fait que ce matériau n’est pas des plus intéressant niveau énergie grise.
Les écologiques

- L’eau a également une très grande capacité thermique. Des réservoirs d’eau peints en noir ou des murs capteurs où circulent de l’eau par exemple peuvent faire office d’inertie et de chauffage d’appoints. Placés dans une serre ou derrière une baie vitrée, ils emmagasineront la chaleur pendant la journée et la restitueront la nuit.
- La terre crue est un excellent matériau pour apporter de l’inertie. Cette ressource est gratuite et écologique. Ici, pas de cuisson et pas de transport car les matériaux proviennent de la terre du terrain récupérée lors des fondations de la maison ou lors de la réalisation d’un bassin par exemple. Plusieurs techniques existent pour valoriser ce matériau. On peut réaliser des briques de terre crue à l’aide d’une presse avec la technique de l’adobe. On peut faire des murs massifs en terre avec la technique du pisé ou de la bauge.
- Les galets ou autre pierre peuvent être également une solution économique pour apporter de l’inertie dans les murs ou dans la dalle. On peut créer un tunnel à galets sous la maison par exemple pour tempérer l’air entrant, ce qui peut être une alternative aux puits canadiens en évitant de creuser des grandes tranchées dans les cas où le sol est difficile à travailler.
Mais encore ?
La liste n’est bien sûr pas exhaustive : métaux, plâtres, mortiers, bétons végétaux ou sable. On retrouve facilement les caractéristiques de ces matériaux sur internet.
Dans le livre la conception bioclimatique, il existe une liste des matériaux avec leur caractéristiques thermiques. On recherchera les matériaux ayant la plus grande capacité thermique. Et on se rendra compte que ce sont les matériaux les plus denses qui nous offriront ces propriétés.
Les Textures
Il faut savoir qu’en parallèle de leur densité, plus les matériaux sont foncés et rugueux et plus ils absorbent le rayonnement solaire. Cette propriété est très intéressante car elle nous permet de jouer avec les couleurs et les textures en fonction de l’effet recherché sur chaque paroi.
Par exemple, il peut être intéressant d’avoir un carrelage noir et texturé dans une pièce recevant la lumière du soleil. L’hiver, le soleil atteint directement la surface carrelée et en été cette surface n’est pas un handicap car les protections solaires seront calculées pour que la lumière directe du soleil ne l’atteigne pas.
Dans un autre cas de figure, on peut rechercher l’effet inverse. Si l’accès au soleil de la façade sud est difficile en hiver, il est possible d’avoir une surface claire et lisse pour venir réfléchir un maximum de lumière.
Attention d’ailleurs à ne pas utiliser ce genre de surface sur le sol devant les baies vitrées. Cette erreur de conception trop courante permet au soleil de rentrer à travers les baies vitrées malgré les protections solaires !
Les Techniques
Pour ajouter de l’inertie dans une maison avec ces matériaux, il existe plusieurs techniques qu’il est possible de cumuler.
Les Murs de refends
En neuf il faudra prévoir l’inertie dans les choix de matériaux de la structure de la maison dès la conception. Ainsi, on gagnera en simplicité de réalisation par rapport à la mise en place de l’inertie après le gros oeuvre.
Dans une maison à ossature bois, on peut par exemple créer les murs de refends avec la technique du pisé. La terre crue est humidifiée, malaxée et éventuellement stabilisée à la chaux puis tassée dans un coffrage. On obtient un mur structurel porteur.
Des Cloisons Lourdes pour plus d’Inertie Thermique
En rénovation, on peut monter facilement des cloisons à forte inertie sur de l’existant en remplaçant des cloisons non porteuses légères par des cloisons en brique de terre crue.

En neuf, on peut également réaliser des cloisons avec des briques de terre crue pour créer de l’inertie. C’est la technique de l’adobe : On tamise la terre de notre terrain et on la mélange avec de l’eau. On y ajoute ensuite des fibres végétales puis l’ensemble est tassé dans un moule. On peut aussi mettre ce mélange dans une presse pour obtenir des briques de terre crues calibrées avec un bel aspect de finition.
Les Enduits en Terre Crue
En neuf comme en rénovation l’enduit en terre crue apportera de l’inertie thermique à l’intérieur du volume isolé. En effet, ce type de revêtement assez épais consomme beaucoup de terre et on peut vite se retrouver avec un poids conséquent donc une inertie conséquente a l’intérieur du bâtiment. Cet effet est bien sûr recherché car propice aux améliorations des performances de l’habitat.
L’isolation par l’Extérieur
Pour profiter de l’inertie, celle-ci doit impérativement se retrouver à l’intérieur du volume isolé, sans quoi elle n’aura aucun impact sur l’intérieur de l’habitat

En neuf, il suffit de le prévoir dès la conception. Heureusement, l’isolation par l’extérieur devient la norme et il n’est plus fantaisiste de faire cette demande à un architecte.
En rénovation, il faut également privilégier une isolation par l’extérieur. L’avantage de ce type d’intervention est qu’elle se fait par l’extérieur. Conséquence : pas besoin de déménager pendant les travaux. La plupart du temps, les logements anciens ont beaucoup d’inertie, les isoler par l’extérieur ramènera cette inertie (en fait toute la maison) dans le volume isolé.
Il faut savoir que le bâtiment est le secteur émettant le plus de gaz à effet de serre avec les transports et que la France a pour objectif de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Dans cette situation, l’avantage est que pour tenir ses engagements, l’Etat propose un accompagnement et des aides très intéressantes en matière de rénovation. Renseignez-vous gratuitement auprès d’un conseiller FAIRE pour connaitre les aides auxquelles vous avez droit !
Les Fondations sur Terre Plein
Aussi appelé radier. Cette solution réservée à la construction neuve. Permet au sol de la maison d’être en contact avec la terre et de bénéficier de son inertie. Une isolation périphérique sera mise en œuvre pour éviter à la chaleur de migrer sur les côtés.

Les Maisons Semi-Enterrées
Pour encore plus d’inertie, en enterrant partiellement la maison, on bénéficie là encore de l’inertie du sol.
Les détails de ces deux dernières solutions sont traités dans l’article sur le manuel d’architecture naturelle de David Wright
Encore une fois, la liste n’est pas exhaustive. Il existe une grande quantité de méthodes constructives dont la plupart vieilles de plusieurs siècles et qui garantissent une excellente inertie thermique.
Dans quels cas l’Inertie peut être un handicap ?
- Dans une maison habitée occasionnellement. En effet, la masse thermique pourra mettre plusieurs jours à monter en température et en utilisant beaucoup d’énergie. Quand les habitants arriveront, il faudra un temps important avant que la maison ne soit à température confortable. Et quand ce laps de temps empiète sur le séjour, ce n’est vraiment pas optimal.
- Dans les régions où la différence de température jour nuit est trop faible. Il faut savoir que plus la différence de température entre le jour et la nuit est élevée, plus il est facile de garder une maison à grande inertie fraîche l’été. En effet, dans les zones où la température extérieure descend peu la nuit, la sur ventilation nocturne sera peu efficace.
- Dans une maison non conçue selon les règles de la conception bioclimatique.
Les Erreurs Courantes à Eviter
L’inertie est bénéfique, à condition qu’elle soit bien gérée !
Rénover un bâtiment en pierre en isolant de l’intérieur
Les conséquences :
- on se coupe de l’inertie car la masse thermique se retrouve à l’extérieur de l’enveloppe isolée.
- on récupère des ponts thermiques car toute la structure du bâtiment qui nous entoure se retrouve proche de la température extérieure.
Ne pas penser le bâtiment dans son ensemble
Même une maison bien conçue dans les règles de l’art bioclimatique peut perdre en confort si son environnement n’est pas en harmonie avec elle.
En effet :
- Négliger l’albédo qui peut renvoyer une grande partie du flux lumineux
- Négliger la végétation qui peut :
- protéger du soleil
- apporter de la fraîcheur grâce à l’évapotranspiration
- protéger du vent
- canaliser un flux d’air en créant une ventilation naturelle
Mauvaise gestion des apports solaires
Si plusieurs éléments du design sont mal réalisés :
- Casquettes de toit
- Avancées de toiture
- Lames brise soleil mal calculées ou mal utilisées si réglables
Conséquence : l’inertie va absorber au fil des jours la chaleur et montera donc progressivement en température jusqu’à sortir de la plage de confort. Il faut d’ailleurs penser à bien gérer les apports en priorité avant de penser à l’inertie !
Mauvaise gestion de la maison par ses habitants
Les activités humaines jouent un rôle important dans une maison performante: sur-utilisation du four l’été, pas de sur ventilation nocturne les nuits d’été. Là encore L’inertie montera progressivement en température. Une fois l’erreur commise il sera plus difficile d’évacuer la chaleur.
Et maintenant ?
Vous avez maintenant des pistes pour ajouter de l’inertie thermique.
- Quelle solution vous semble la plus pertinente pour votre projet ?
- Connaissez vous d’autres solutions simples, écologiques et performantes pour ajouter de l’inertie thermique dans votre maison ?
N’hésitez pas à me faire part de vos réponses dans les commentaires !
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Bonjour,
Je vais aménager ma ferme familiale en pierre.
Je vais construire un ossature bois à l’intérieur des murs en pierre. Bien sûr je me suis posé la question week-end l’inertie thermique perdue. Mais impossible d’isoler par l’extérieur. Perte esthétique , mais passons. Surtout, impossibilité de gérer l’humidité emprisonnée dans les murs. Les murs font mèche et remontent l’humidité du sol.
Alors quoi faire ?
Si je monte des murs intérieurs en dur sur la dalle, je crée des ponts thermiques avec celle ci.
Je cherche des solutions.
Merci
Bonjour,
Effectivement, l’idéal d’un point de vue performances serait d’isoler par l’extérieur.
Mais pour des raisons esthétiques, si on veut isoler par l’intérieur, un compromis serait de faire une isolation en béton de chanvre projeté ou banché directement sur l’intérieur des murs en pierre. Ce matériaux apporte une belle correction thermique et respecte le fonctionnement hydrométrique des murs anciens.
Il faudra bien sur au préalable gérer le problème d’humidité en installant des drains en périphérie de la dalle.
Il existe beaucoup de solutions différentes pour l’ancien et faire venir un artisan expérimenté sur l’architecture de votre localité peut être une bonne idée pour ne pas faire d’erreurs.
Je vous souhaite une belle réussite dans votre projet !