La conception bioclimatique de Samuel Courgey et Jean-Pierre Oliva

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Vous avez un projet de construction ou de rénovation. Vous voulez que votre habitat soit confortable, économe en énergie et respectueux de l’environnement. Je vous présente les principes de l’excellent livre « La conception bioclimatique » de Samuel Courgey et de Jean-Pierre Oliva aux éditions Terre Vivante.

Cet ouvrage concret est une référence utilisée par de nombreux professionnels dans le domaine. Il vous donnera les stratégies à adopter pour réaliser une maison tirant parti au mieux de son environnement et de l’énergie solaire.

Philosophie des auteurs

Samuel Courgey et de Jean-Pierre Oliva nous sensibilisent dans l’importance de nos choix. Avant de se lancer dans un projet d’éco-construction, il faut savoir se poser les bonnes questions :

  1. Existe-t-il des matériaux locaux ?
  2. Le lieu du projet n’est-il pas trop éloigné des commodités, écoles ou travail ?
  3. Est-il possible de faire un habitat groupé pour diminuer les surfaces à isoler, mutualiser les équipements, favoriser l’entraide et par conséquent réduire les coûts ?

D’autre part, notre rapport à l’habitation doit être raisonné :

  • Nous sommes de plus en plus nombreux à comprendre qu’il faut adopter une conception bioclimatique des bâtiments. Notre intuition nous pousse à construire ou rénover autrement, pour diminuer notre dépendance énergétique, pour prendre soin de notre santé et de notre environnement.
  • Il est tout aussi important d’habiter autrement car notre comportement joue un rôle essentiel. En effet, surchauffer l’air intérieur, laisser inutilement certains appareils en veille ou utiliser des appareils ménagers mal entretenus augmentera la consommation. De même, utiliser des produits d’entretiens nocifs peut fortement dégrader l’atmosphère sein d’une maison en matériaux naturels.
  • Il faut adopter une logique de vie tenant compte des éléments extérieurs. Avoir une température de l’habitat finement régulée à 22°C toute l’année n’est pas synonyme de progrès, ni même de confort et demande un surplus d’énergie.

Mais pourquoi sommes nous autant attachés à la température de l’air intérieur ?

Température de l’air et température des parois

Le bien être thermique dépend d’une grande quantité de paramètres. Nous allons nous intéresser à la température.

Une erreur souvent commise est de donner la priorité à la température de l’air qui contrairement aux croyances établies ne garantit pas à elle seule le confort thermique. Un paramètre tout aussi important et souvent négligé est la température des parois.

Convection, rayonnement et température ressentie
Convection, rayonnement et température ressentie

Il faut savoir que le corps humain, stabilisé à environ 37°C, échange en permanence sa chaleur avec son environnement. Dans la maison, il y a deux principaux phénomènes d’échange sur lesquels on peut faire levier :

  • Le premier est la convection : c’est l’échange de chaleur entre le corps et l’air ambiant. Cet échange dépend de la différence de température entre l’air et la surface du corps ainsi que de la vitesse et de l’humidité de l’air.
  • Le deuxième est le rayonnement : le rayonnement est un phénomène d’échange de chaleur sans contact entre le corps et les surfaces environnantes. C’est un phénomène moins intuitif à appréhender mais dont nous avons déjà tous fait l’expérience. Quand vous êtes dehors, même par temps froid, dès que le soleil apparaît entre deux nuages, nous avons instantanément cette sensation de chaleur alors que la température de l’air n’a pas changée. De même lors d’une soirée fraîche, nous pouvons profiter de la chaleur d’un feu de camp alors que la température ambiante peut être en dessous de 10°C. Dans ces deux cas ce n’est pas l’air qui nous réchauffe mais le rayonnement provenant de la source de chaleur. Ici le soleil ou le feu.

Au final nous sommes sensibles à la température ressentie qui est égale à la moyenne entre la température de l’air et la température des parois.

calcul-température-ressentie

Par exemple, si la température de l’air dans la pièce est de 20°C et que la température des parois est de 14°, la température ressentie sera de 17°C.

Deuxième cas, toujours avec une température air de 20°C, si la température des parois est de 19°, la température ressentie sera de 19,5°C.

Dans le premier cas nous aurons plutôt la sensation de froid, de l’autre plutôt la sensation de chaleur.

Dans le premier cas, avec nos parois à 14°C, si nous voulions avoir la même température ressentie de 19,5°C, il faudrait surchauffer l’air à 25°C !

D’où importance de la température des parois souvent négligée.

Nous allons voir maintenant comment les maîtriser.

Performance de l’enveloppe

Pour avoir des parois intérieures chaudes en hiver et fraiches en été, il faut que l’enveloppe de la maison soit performante.

En construction neuve comme en rénovation, il faut passer par plusieurs étapes :

1-Résistance thermique des parois :

Chaque matériau à plusieurs paramètres quantifiables dont la conductivité thermique lambda qui va nous intéresser ici pour évaluer leur pouvoir isolant. Plus la valeur lambda est petite et plus le matériau à épaisseur égale est isolant.

Dans l’image ci-dessus, on peut se rendre compte que le béton est 45 fois plus conducteur que la fibre de bois et le cuivre 9500 fois plus !

Évidement, plus l’épaisseur de d’isolant est importante, plus celui-ci sera performant.

Au final, la résistance thermique R d’un isolant est égale à l’épaisseur divisée par le lambda. Quand le mur est fait de plusieurs matériaux différents, le Rtotal sera égal à la somme des R de chaque élément.

Plus le R est important, plus la paroi est performante. Dans les normes actuelles, on emploie plutôt le coefficient de transmission U qui est égal à 1/R. Plus le U est faible, plus la paroi est performante.

2-Ponts thermiques :

La structure à également une grande importance dans la performance des parois, en effet, s’il y a discontinuité dans l’isolation due à la structure du bâtiment, nous nous retrouvons avec des ponts thermiques.

Dans cet exemple, l’isolation est faite par l’intérieur et la dalle est en contact direct avec les murs extérieurs. La chaleur va donc fuir facilement vers l’extérieur par conduction dans la dalle car elle ne sera freinée par aucun isolant. Nous nous retrouvons donc avec des points faibles dans l’isolation thermique de l’enveloppe du bâtiment. A ces endroits, en hiver, la température est plus basse que celle des surfaces environnantes. C’est souvent à cet endroit qu’on a des risques de condensation et donc de moisissures. Le but sera donc de minimiser les ponts thermiques en utilisant des méthodes de construction différentes.

Dans ce même exemple, en isolant le bâtiment par l’extérieur, le problème de pont thermique disparaît.

Toutefois, il est possible qu’il reste des infiltrations d’air.

3-Étanchéité à l’air :

Une bonne étanchéité à l’air de l’enveloppe est primordiale. En limitant les infiltrations d’air, on limite les déperditions thermiques ainsi que les risques de condensation. Pour y parvenir, il est important de soigner la mise en œuvre et les détails de construction.

Une bonne continuité de l’isolant, une pose soignée, l’utilisation d’un pare vapeur sont autant de solutions pour améliorer ce paramètre. Un test d’étanchéité à l’air peut être utile en neuf comme en rénovation pour détecter les défauts.

4-Qualité de mise en œuvre :

Le savoir-faire des artisans affectera également la performance finale. Les spécifications des matériaux sont des données théoriques. Une mauvaise mise en œuvre, peut affecter fortement leurs performances.

Un isolant trop tassé par exemple verra son lambda augmenter car c’est souvent l’air piégé dans les porosités du matériau qui fait son pouvoir isolant. En le comprimant, moins d’air sera présent et il n’aura plus les mêmes propriétés.

De même, si l’isolant est mal placé, il y aura discontinuité entre les matériaux avec des infiltrations d’air entraînant une chute de performance de la paroi.

Avec une enveloppe performante, en plus d’éviter les transferts de chaleur entre l’intérieur et l’extérieur de l’habitation, on garde les surfaces intérieures plus chaudes en hiver mais aussi plus fraîches en été, ce qui a pour effet d’éviter de surchauffer l’hiver mais aussi de climatiser l’été. De grandes économies en perspective !

Dans le prochain article, nous allons voir comment augmenter les apports énergétiques gratuitement grâce aux grands principes de la conception bioclimatique.

Conception Bioclimatique

Conception Bioclimatique

Avec la conception bioclimatique, on va aller beaucoup plus loin en se protégeant vents froids tout en captant de l’énergie gratuite du soleil, le tout sans avoir recours à des technologies coûteuses. L’idée étant d’utiliser au mieux les éléments naturels extérieurs pour répondre aux besoins de l’habitat.

Pour cela, il faut construire avec le climat et non contre lui, à l’image des concepts de l’architecture naturelle de david wright.

Dans les exemples que l’on va traiter, on supposera un climat tempéré de l’hémisphère nord où la façade sud des bâtiments est ensoleillée. Pour l’hémisphère sud, il suffira d’inverser le nord et le sud dans les exemples suivants.

Nous allons maintenant étudier les 8 points clé de la conception bioclimatique :

1-Se fondre dans le site

Dans l’hémisphère nord comme en France ou au canada, l’idéal pour une maison bioclimatique est d’avoir un terrain en pente sud. Ainsi, la façade sud pourra capter une grande partie de l’énergie solaire pendant que la façade nord, semi-enterrée sera protégé des vends froids et bénéficiera de l’inertie thermique du sol.

Maison VégétaliséeUn terrain plat n’empêche pas la réalisation bioclimatique. Dans ce cas, pour diminuer les déperditions des façades nord, on pourra rajouter un remblai, jouer sur la forme du bâtiment ou encore utiliser la végétation. Il faudra veiller à ce que la façade sud ne soit pas masqué du soleil par le relief, une végétation persistante ou un autre bâtiment.

Pour pousser encore plus loin l’intégration au site, il est possible d’envisager une maison enterrée avec une grande surface vitrée au sud. Un tel bâtiment apportera un grand confort thermique été comme hiver avec une consommation minime d’énergie grâce à l’inertie du sol.

John Hait, un Physicien américain dans les années 80 a poussé très loin l’utilisation de l’hyper inertie du sol. Il a mis au point le concept PAHS pour Passive Annual Heat Storage ou stockage passif de chaleur annuel, permettant au bâtiment de se constituer des réserves de chaleur ou de fraîcheur pour toute la saison. Le but, utiliser le déphasage de la température du sol profond pour chauffer en hiver la maison grâce à la chaleur accumulée en été, et climatiser l’été grâce à la fraîcheur emmagasiné l’hiver.

2-Compacité

compacité d'un bâtimentLa compacité d’un bâtiment ou coefficient de forme CF représente le rapport entre la surface de son enveloppe et son volume. Si l’on veut diminuer les déperditions, il faut que ce rapport soit le plus faible possible.

En effet, la forme du bâtiment joue un rôle essentiel dans les déperditions. Pour un même volume, une maison de forme cubique aura une surface de façades inférieure à une maison de forme plus complexe.

Dans cet exemple, la maison cubique à un ratio CF de 0,45 alors qu’un bâtiment de forme plus complexes comme ceux-ci tournent autour de 0.7, soit une augmentation des surface déperditives de plus de 50%.

La forme offrant le meilleur ratio surface/volume est la sphère mais sans forcément adopter cet extrême, on peut aller plus loin dans la diminution des déperditions optant pour l’habitat groupé. C’est un moyen très efficace pour diminuer encore les façades extérieures et au passage faire baisser les coûts de construction et d’équipement technique comme par exemple la VMC ou le chauffage de l’eau sanitaire qui peuvent être mutualisés.

D’un autre côté, une maison plus allongée, ayant une surface sud plus importante que les surfaces est et ouest captera plus de rayonnement solaire.

Longère

Un compromis sera à trouver entre compacité pour limiter les déperditions et captage solaire en fonction du climat, de la performance des parois et de l’inertie du bâtiment.

3-Captage solaire

Captage SolaireSur terre, le Soleil nous offre un flux énergétique moyen de 300w/m². En été, par temps dégagé, ce flux peut aller jusqu’à 1000w/m².

La course du soleil décrit une trajectoire d’est en ouest qui change tout au long de l’année. Cette trajectoire est très différente entre l’été et l’hiver.

Prenons le cas où nous sommes à une latitude de 45° nord comme par exemple au Canada à Montréal ou en France à Lyon. L’été, le soleil monte dans le ciel environ à 70° au-dessus de l’horizon. L’hiver il est plus bas, à 20°. Dans votre cas, pour connaitre exactement la position du soleil dans le ciel aux différentes périodes sur votre terrain, vous pouvez éditer un diagramme solaire en ligne gratuitement après avoir rentré les coordonnées GPS de votre lieu.

En hiver, le soleil éclaire principalement la façade sud alors qu’en été, le soleil du matin est orienté est-nord-est et le soir ouest nord-ouest.

Le but du jeu : capter l’énergie solaire en saison froide et s’en protéger en saison chaude.

Pour répondre passivement à ces deux besoins, nous allons voir ou placer et comment orienter nos vitrages.

La stratégie la plus simple à adopter est de vitrer principalement la façade sud et de minimiser les vitrages sur les autres façades. Ainsi, en hiver, un maximum de flux solaire est capté et on évite la déperdition thermique des autres façades. En été, pour éviter la surchauffe, il suffira de dimensionner les débords de toiture pour que les rayons n’atteignent pas le vitrage. Si le bâtiment possède des vitrages Est et Ouest, ceux-ci devront être munis de protections solaires amovibles ou réglables.

Les vitrages au sud doivent être verticaux. Par exemple, un Velux en toiture exposé sud captera un maximum d’ensoleillement l’été et sera principalement déperditeur l’hiver, ce qui est contre-productif pour une maison bioclimatique.

Le captage solaire peut facilement être la principale source de chauffage dans une maison possédant une enveloppe performante. En effet, les déperditions sont limitées au maximum et l’énergie est conservée. Le revers de la médaille est qu’il faut étudier finement les positions des vitrages et le placement des masques solaires au risque de surchauffer l’intérieur.

4-Masques solaires

Il est important d’étudier les masques solaires. En effet, si une colline ou un bâtiment masque une partie du flux solaire à certaines périodes de l’année ou certaines heures de la journée, on captera moins d’énergie et il faudra le prendre en compte.

Le masque solaire d’un objet se définit par sa hauteur angulaire et son azimut. La hauteur angulaire est l’angle entre le masque solaire et l’horizontal. L’azimut l’angle dans le plan horizontal de sa position par rapport au point d’observation avec comme origine le nord qui sera donc à 0°. Le sud à 180°.

Pour réaliser une étude précise, il faut suivre quelques étapes :

  1. Sur des sites gratuits comme Sun Earth Tools  par exemple, on va obtenir la carte solaire correspondant à notre terrain.
  2. Puis sur le terrain lui-même on va se positionner à l’emplacement de la maison et relever les contours de nos masques solaires. Pour cela, soit-on s’y prends à l’ancienne avec une boussole pour relever les angles horizontaux et un clinomètre pour les angles verticaux. Le clinomètre peut être réalisé facilement à l’aide d’un rapporteur, d’une ficelle et d’un carton. Un tuto très bien expliqué existe à ce sujet sur le site heliorama. Pour aller plus vite, on peut également utiliser une application comme Sun Surveillor qui utilise les capteurs de votre téléphone couplé à la caméra.
  1. Masques SolairesUne fois les angles relevés, il nous reste à les reporter sur le masque solaire. Ainsi on peut ajuster finement le design du bâtiment par rapport à son environnement. Il faut savoir que les masques solaires peuvent être bénéfiques dans certains cas. Un arbre à feuillage caduque pourra protéger l’habitat du soleil en été tout en le laissant passer en hiver. Placés aux bons endroits, les masques solaires peuvent se révéler de bons alliés !

Avec une forme adaptée, une bonne implantation sur le site et un captage solaire optimisé, on diminue gratuitement les déperditions, ce qui a pour effet d’éviter de surchauffer l’hiver mais aussi de climatiser l’été.

5- Le climat

On va toujours chercher à se protéger des contraintes de notre climat et à valoriser ses points positifs.

Le climat, s’étudie à plusieurs échelles :

Le macroclimat

C’est une caractéristique d’une vaste étendue géographique qui dépend de plusieurs paramètres :

  1. L’amplitude des températures
  2.  Les vents dominants
  3. Le rayonnement solaire
  4. L’humidité de l’air

Carte du zonage climatique

En France, par exemple, l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (l’ADEME) a classé le macro climat en 3 zones l’hiver de la H1 avec les hivers les plus rigoureux à la H3 aux hivers les plus doux et en quatre zones l’été de la a avec les étés les plus doux à la d aux étés les plus chauds. Chaque zone est affectée d’un coefficient de rigueur climatique permettant d’ajuster la conception de bâtiments.

le climat méditerranéen en France offre des hivers doux, des étés chauds et un flux solaire important toute l’année. Il sera alors judicieux d’avoir de l’inertie pour le confort d’été et une grande façade sud ouverte au soleil pour les apports solaires hivernaux quitte à perdre en compacité. Et rappelez-vous, c’est au sud qu’il est le plus facile de créer des protections solaires efficaces.

Toujours en France, à l’est, le climat est plutôt continental avec des hivers froids et des étés chauds. Dans ce cas, on recherchera plus facilement la compacité et la performance de l’isolation aussi bien pour le confort d’hiver que pour le confort d’été.

Le mezzoclimat

Il se défini à une échelle inférieure. C’est par exemple le climat spécifique à une vallée ou à une étendue urbaine. Il dépend :

  1. du relief environnant qui peut nous nous protéger ou au contraire nous exposer aux vents. Ils peuvent aussi nous masquer du soleil. Le relief peut créer des dépressions créant des orages l’été, ce qui peut être intéressant pour ceux qui envisagent de gagner en résilience sur la gestion de l’eau.
  2. de l’altitude : on perd en moyenne 0,7°C a chaque fois qu’on monte de 100m de dénivelé.
  3. du type de végétation : une forêt de feuillus avec un sol riche en humus offrira une bonne réserve d’humidité et donc de la fraicheur en été alors que la garrigue provençale sera moins apte à réguler les hautes températures. En ville l’absence de végétation et les activités humaines feront l’effet inverse et augmenteront la température localement.
  4. Des proximités de grandes étendues d’eau comme les lacs ou la mer qui en plus d’agir comme une grande masse thermique limitant les écarts de températures, sont capables de créer une ventilation naturelle et prévisible. On peut designer les maisons en prenant en compte le flux diurne et le flux nocturne

Le microclimat

C’est le climat à l’échelle de notre terrain. Contrairement au mezzoclimat qui est une caractéristique avec laquelle il faut composer, le microclimat lui est modifiable et il serait dommage de s’en priver. Qu’il s’agisse d’un balcon ou d’un terrain de plusieurs hectares, à chaque configuration ses solutions. Et on va le voir tout de suite dans le point suivant.

6- Les végétaux et le sol

En effet, on peut créer un microclimat sur mesure pour améliorer les interactions entre l’extérieur et l’intérieur de l’habitat et ce de plusieurs façons :végétation bioclimatique

  • On peut planter des arbres persistant au nord, a l’est ou à l’ouest afin de se protéger toute l’année des vents dominants et des arbres à feuilles caduques au sud qui laisseront passer le rayonnement lumineux l’hiver.
  • En jouant sur l’emplacement de la végétation, on peut au contraire canaliser le flux d’air pour rafraîchir la maison l’été.
  • Végétaliser un balcon, un jardin apportera de l’ombre et de l’humidité, ce qui fera baisser naturellement la température
  • Un bassin ou plan d’eau. En plus de son aspect positif sur la biodiversité pourra atténuer les écarts de température.

En ce qui concerne les sols, on va commencer par introduire un terme important qui est l’albédo.

L’albédo est le pouvoir réfléchissant d’une surface. C’est le rapport entre l’énergie lumineuse réfléchie par la surface et l’énergie lumineuse arrivant sur une surface. L’énergie qui n’est pas réfléchie est absorbée. La valeur de l’albedo est sans dimension et est comprise entre 0 et 1, on l’exprime aussi parfois en pourcentage, de 0% à 100%.

L’herbe a tendance à absorber l’énergie lumineuse, son albédo est d’environ 0.1

Un carrelage clair aura tendance à réfléchir l’énergie lumineuse avec un albédo proche de 0.5

Cette propriété peut être intéressante. Un mur peint en blanc pourra renvoyer les rayons du soleil sur une partie ombragé de la maison en hiver.

Mais attention l’été à l’albedo du sol qui a un rôle très important. En effet, en saison chaude, malgré des protections solaires biens calculées, une grande partie de flux lumineux peut passer par le sol avant d’être renvoyé vers les baies vitrées !

Utiliser des matériaux moins réfléchissants comme une terrasse en bois améliorera les choses mais végétaliser le sol sera encore plus efficace. En effet, les végétaux avec un albedo très faible vont absorber la chaleur mais vont la dissiper grâce à l’évapotranspiration. Ainsi, un changement de phase se produit, limitant la montée en température du sol et apportant de l’humidité. Comme souvent, la nature nous offre ici une solution élégante et bien plus performante que nos matériaux industriels !

7- Le zonage de l’habitat

C’est la première étape de réflexion pour concevoir une maison bioclimatique en fonction de ses besoins et de son style de vie. On commence par lister ses besoins et placer approximativement les espaces les uns par rapport aux autres.Zonage thermique

En effet, les différentes parties d’une habitation n’ont pas les mêmes besoins thermiques.

Il faut différencier les espaces où l’on vit en permanence des espaces utilisés occasionnellement. Ces derniers serviront d’espaces tampon.

On peut ainsi créer une double enveloppe, la première délimitant l’intérieur et l’extérieur de la maison et l’autre les espaces chauffés et les espaces non chauffés. C’est cette deuxième enveloppe devra avoir une isolation performante comme traité dans la première vidéo. « Action 1ere vidéo »

Au nord, le garage, le cellier ou l’entrée peuvent servir d’espace tampon et réduiront les déperditions.

Au sud, une serre peut être un espace tampon pouvant réduire les déperditions la nuit mais aussi servir d’espace capteur de chaleur l’hiver.

Outre les aspects thermiques, le zonage prendra également en compte la course du soleil

Les chambres seront placées de préférence à l’est pour bénéficier du soleil levant. Les pièces de vies seront orientés Sud-ouest, Sud ou Sud-est. Les zones de travail seront placées de la même manière que les pièces de vie en veillant à les abriter de la lumière directe du soleil.

Avec une étude réfléchie, on peut ainsi diminuer la surface à isoler et donc revoir à la baisse les besoins en chauffage et en ventilation

8- La ventilation

Le renouvellement de l’air est indispensable pour assurer notre bonne santé. Il sert d’une part à maintenir un bon taux d’oxygène et d’hygrométrie et d’autre part à évacuer les polluants intérieurs. En effet de par nos objets et les produits que nous utilisons, l’air de nos bâtiments est en général plus pollué que l’air extérieur.

L’enjeu de la ventilation est de renouveler l’air intérieur tout en limitant les déperditions thermiques car plus on renouvelle l’air et plus on augmente les déperditions.

Avant de choisir et de dimensionner son système de ventilation, on veillera à tout mettre en œuvre pour réduire les besoins en renouvellement d’air.

Cela passe par le choix de matériaux sains pour la construction mais aussi l’ameublement, par des choix de produits ménagers et cosmétiques sains, par une technique constructive évitant les points de rosés et donc le développement de moisissures. Essayer de séparer les pièces utilisant des produits toxiques comme les ateliers ou garages. Il est judicieux de mettre ces pièces en zone tampon et d’utiliser un système de ventilation séparé naturelle car il n’y a pas de contraintes de déperditions thermiques sur ces zones.

Avant l’arrivée des normes de ventilation, l’air était renouvelé principalement par les défauts d’étanchéité des maisons. Aujourd’hui, il existe des normes. Pour les respecter, il existe plusieurs systèmes de ventilation. Je vous présente ici les plus intéressants :

Ventilation Mécanique Contrôlée simple flux hygroréglable (VMC hygroB)

Ventilation Mécanique Controlée Hygro variable

HygroB est le brevet qui permet d’avoir un réglage de débit sur les arrivées et les extraction d’air en fonction de l’humidité ambiante à l’intérieur de l’habitat. En effet, l’hygrométrie est un bon indicateur de présence humaine et donc de nécessité de renouveler l’air. Les avantages de cette solution est la facilité de pose, il y a peu de conduits nécessaires. De plus l’aspiration est centralisée et est peu énergivore grâce à une variation de la ventilation en fonction du besoin en renouvellement d’air.

La vmc simple flux a quelques défauts :

  • Elle crée une légère dépression dans le bâtiment, le rendant sensible aux infiltrations d’air.
  • Les entrées d’air étant réparties à plusieurs endroits, il est impossible de tempérer et de filtrer l’air entrant dans le bâtiment.
  • Elle ne possède pas de récupération de chaleur

La VMC double flux (avec récupérateur de chaleur)

Ventilation Mécanique Controlée Double Flux

Ici, on a deux flux d’air : le flux d’air neuf qui rentre dans le système et le flux d’air vicié qui sort du système. Ces deux flux transfèrent leurs calories dans un échangeur air/air, ce qui a pour effet de réchauffer l’air frais entrant dans l’habitat en hiver et au contraire de rafraichir l’air chaud entrant dans l’habitat en été.

L’air entrant arrivant en un point, il devient possible de le filtrer et de le tempérer en le faisant passer par un puits provençal par exemple avant d’entrer dans l’échangeur. Autre avantage, on peut régler les débits de sorte à laisser la maison en légère surpression et ainsi éliminer les infiltrations d’air.

Les inconvénients de la VMC double flux sont la maintenance des filtres à effectuer régulièrement. La surconsommation électrique et le coût d’installation et de réglage.

La ventilation mécanique par insufflation VMI

Ventilation Mécanique par Insuflation

C’est une alternative intéressante et aussi simple à mettre en place que la VMC simple flux hygro B. Ici, au lieu d’extraire l’air du bâtiment, on va venir injecter l’air extérieur dans le bâtiment et le laisser sortir par des bouches qui peuvent êtres hygroréglables. Le moteur peut lui aussi être à variation de vitesse en fonction des besoins en renouvellement d’air.

Ses avantages : comme la VMC double flux, il met le bâtiment en légère surpression, ce qui a pour effet d’éliminer les infiltrations d’air et l’arrivée d’air se fait en un point, donc il est là aussi possible de filtrer et tempérer l’air entrant.

Son inconvénient est de ne pas pouvoir bénéficier d’un échangeur capable de récupérer les calories de l’air vicié comme sur la VMC double flux. Néanmoins, cet inconvénient est pondéré par le fait que le moteur d’une VMI est moins gourmand en énergie.

La ventilation naturelle

C’est la solution la plus écologique. Elle a pour but de diminuer les systèmes mécaniques en profitant de la convection naturelle pour le renouvellement de l’air.

Ventilation Naturelle Assistée

Elle peut fonctionner par tirage thermique, soit grâce à la stratification des températures dans la hauteur d’un bâtiment ou encore grâce à une cheminée solaire. La cheminée solaire va monter en température, chauffer l’air qui va s’échapper, aspirant de l’air frais.

Elle peut fonctionner grâce à une tour à vent qui va se servir de la dépression créée par le vent pour aspirer l’air de l’habitat. L’inconvénient est que la puissance d’aspiration est plus liée aux conditions extérieures qu’au réel besoins de renouvellement d’air intérieur.

Pour respecter les normes, ce genre de ventilation doit souvent être assistée mécaniquement par un moteur qui prendra le relais en cas d’absence de soleil et de vent. De plus cette solution est très technique à mettre en œuvre et nécessite un sérieux bureau d’étude spécialisé en aérologie.

Le choix de ventilation est une affaire de compromis et de cohérence avec l’ensemble des techniques mise en œuvre dans le projet.

Conclusion

A travers cet article, je vous ai résumé les principales philosophies qui m’ont marqué à la lecture de ce livre.

Il y a énormément de points que je n’ai pas abordé, notamment les différents vitrages ou encore la gestion de l’Eau Chaude Sanitaire qui devient le poste le plus énergivore d’une maison performante.

C’est grâce à cette lecture que je me suis vraiment rendu compte qu’une maison standardisé sur catalogue a très peu de chances de fonctionner de façon optimale malgré le respect des normes thermiques.

En effet, ce type de construction ne prend pas en compte les particularités comme :

  • les angles solaires du site
  • Topographie
  • de la végétation
  • climat (vents dominants)
  • les apports internes de chaleur liés aux activités des habitants

Et vous, quel concept vous à le plus marqué ? Lesquels allez vous appliquer dans la conception ou la rénovation de votre maison ?

N’hésitez pas à  les partager dans les commentaires !

A bientôt !

Le livre est disponible sur amazon : La Conception Bioclimatique

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